lundi 30 septembre 2013

De quoi être en colère !! Les Munduruku occupés


ICRA News

Des avions et des troupes de la Force Nationale ont effectué plusieurs sorties au dessus de Jacareacanga, une municipalité du sud de l'état du Pará, pour garantir l'entrée de 130 techniciens dans le territoire indigène Munduruku pour y effectuer des études en vue du programme hydro-électrique de São Luiz do Tapajós et de Jatobá. Selon les représentants indigènes, les troupes effectuent des exercices de guerre, avec des vols en rase-mottes et des positionnements en des points stratégiques de la ville.

L'envoi des techniciens et l'opération de la Force Nationale sont un manquement à l'accord passé entre le gouvernement fédéral et les Munduruku. Après que ce peuple ait détenu trois chercheurs qui se trouvaient dans leur territoire au début du mois de juillet, le gouvernement avait suspendu les études jusqu'à ce que la réglementation du droit à la consultation préalable des peuples affectés, conformément à la Convention 169 de l'OIT, soit établie. Mais cela ne s'est jamais produit.

Cependant, malgré l'accord, les études ont été reprises. Pendant la réunion des caciques et des représentants Munduruku, début août, le maire de Jacareacanga, Raulien Queiroz, du PT, avec la participation de forces policières et institutionelles, a décidé la destitution des principaux dirigeants de l'Association Pusuru. De plus, il a interdit toute manifestation contre la construction des usines hydro-électriques sur le fleuve Tapajós.

Quatre jours après cette rencontre à Jacareacanga, dénoncée par les Munduruku comme une manière de fragiliser l'organisation interne de l'association indigène par un mouvement orchestré par le gouvernement fédéral, le secrétaire exécutif adjoint du Ministère des Mines et Énergie, Francisco Romário Wojcicki, a signé un document envoyé à la présidente de la Funai, Maria Augusta Assirati, pour l’informer de la reprise des études sur le fleuve Tapajós.

Dans ce document, Wojcicki informe que des représentants des ministères des Mines et Énergie, de la Planification, du Budget et Gestion, de la Justice et du Secrétariat Général de la Présidence de la République, organisme responsable de la réglementation de la Consultation Préalable, ont décidé la reprise des études le 10 août. La Funai a juste été informée de la décision et ces études se poursuivront jusqu'au 10 septembre, avant une seconde étape qui se déroulera entre le 15 septembre et le 20 novembre.

Il n'est pas précisé si les techniciens entreront ou non dans le territoire Munduruku. Mais cela n'a pas empéché la présidente de la Funai d'affirmer que les études seront faites hors du territoire indigène. Aucun des deux documents ne cite la présence de la Force Nationale.

Les chercheurs entrent dans notre territoire, mais même si ce n'était pas le cas, les usines vont affecter notre territoire, ce n'est donc pas une excuse valable. Le gouvernement n'a pas respecté notre accord et veut imposer ce projet malgré nous. Nous allons résister”, affirme Maria Leusa, l’une des responsables de la communauté. Elle rappelle également que les Munduruku n'ont jamais été consultés au sujet de ces projets. La première partie des études, communiquée à la Funai par le Ministère des Mines et Énergie, aura lieu entre les municipalités de Jacareacanga et Trairão (usine de Jatobá), et la deuxième partie entre les municipalités de Itaituba et Trairão (usine de São Luiz do Tapajós).

Il est impossible que les chercheurs ne passent pas sur nos terres. D'ailleurs, tout ici est notre territoire et nous le revendiquons. Si ces usines sont construites, nos villages seront innondés. Nos lieux sacrés seront innondés. C'est donc absurde de dire que les techniciens n'entreront pas sur nos terres. La Funai devrait avoir honte” déclare Maria Leusa.
source : www.raoni.com

Mobilisation indigène au Brésil : situation urgente !


ICRA News

La plus grande manifestation indigène au Brésil, pour la première fois réunie dans un mouvement unitaire, a lieu du 30/09 au 5/10 dans tout le pays.
En France, de nombreuses organisations se sont réunies pour relayer le message, dont France Liberté, Planète Amazone, Amazon Watch, GITPA, ICRA International, NatureRights, etc.
AFUKAKA, leader de la tribu KUIKIRO témoignera des atteintes portées aux peuples indigènes lors d’une conférence débat Mardi 1er Octobre à 10 h au Comptoir Général à Paris
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Convoquée par l’APIB (Association des peuples autochtones du Brésil), la mobilisation a pour but de défendre la Constitution Brésilienne, le droit des populations indigènes et des communautés traditionnelles et le futur de l'Amazonie. Le 5 Octobre, la Constitution Fédérale Brésilienne fête ses 25 ans. Cet évènement est une réponse aux attaques généralisées que subissent les peuples sur leurs droits territoriaux, articulées par le lobby des grandes entreprises et propriétaires terriens, la “bancada ruralista”, au Congrès National et au gouvernement. Ce mouvement est soutenu par des organisations internationales des droits de l’homme et de protection de l’environnement et relayé à Paris par le chef indien Afukaka de la tribu Kuikiro.

Une centaine de projets de loi en discussion au Congrès National prétendent restreindre les droits garantis aux populations autochtones traditionnelles par la Constitution Fédérale de 1988, en particulier le droit à la terre et à l'utilisation exclusive de ses ressources naturelles. Parmi eux, les Propositions d’Amendement Constitutionnel pour modifier les processus de démarcation des territoires entrainant leur paralysie (PEC 215 et 38); le projet de loi complémentaire pour l’introduction d’entreprises en territoires indigènes reconnus (PLP 227), ou encore l’ordonnance du Procureur général qui restreint considérablement les droits des autochtones sur leur terres (Port303).

Si certaines de ces lois sont votées, on risque d’aggraver la situation d’insécurité et de provoquer l’explosion des conflits fonciers dans tout le Brésil. Par exemple la PEC 215 entraînerait une révision foncière de 13% du territoire brésilien, qui connait déjà de graves conflits: 563 indiens ont été tués ces 10 dernières années, dont 60 en 2012. La PLP227 rendrait juridiquement légales de nombreuses initiatives, telles que le barrage de Belo Monte et sa face cachée, l’exploitation minière de Belo Sun* : toute action de la société civile s’avèrerait désormais vaine.
Le gouvernement de Dilma Rousseff a historiquement la plus mauvaise gestion des terres indigènes: il n’applique pas la consultation préalable, libre et éclairée des populations indigènes garantie par la Convention n°169 de l’Organisation Internationale du Travail, paralyse la démarcation des terres indigènes, enfreignant ainsi la Constitution et les traités internationaux. Parallèlement, il subventionne le modèle agricole des grands propriétaires terriens, qui concentre les terres et les revenus, utilise massivement la chimie agricole, expulse les travailleurs ruraux, les petits paysans et les populations autochtones traditionnelles, tout en ne créant que peu d’emplois.

Les organisations brésiliennes cherchent le soutien de la communauté internationale face au manque d’écoute du gouvernement brésilien et aux menaces qui pèsent sur les peuples indigènes et communautés autochtones traditionnelles. AFUKAKA, leader de la tribu KUIKIRO, exceptionnellement à Paris pour l’exposition Genesis de Sebastiao Salgado, témoignera des atteintes portées aux peuples indigènes lors d’une conférence débat Mardi 1er Octobre à 10 h au Comptoir Général. Il sera accompagné de l’anthropologue CARLOS FAUSTO professeur au Musée National de l’université Fédérale de Rio de Janeiro et de FELIPE MILANEZ, chercheur au Centre d'études sociales de l'Université de Coimbra et Journaliste spécialisé sur l'environnement, les conflits sociaux et les questions autochtones, qui proposeront une analyse de la situation juridique au brésil, des atteintes portées aux droits des populations autochtones et des exemples de cas sur le terrain.

Le mouvement est soutenu au Brésil par les organisations indigènes et indigénistes: ISA (Institut socio environnemental), CIMI (Conseil indigène missionnaire), CTI (Centre pour le travail indigène), Commission Pro indien... par des mouvements sociaux des communautés autochtones traditionnelles (Quilombolas, paysans) et par des organisations de la société civile : Greenpeace Brésil... En France, de nombreuses organisations se sont réunies pour relayer le message, dont la Fondation Danièle Mitterrand - France Liberté, Planète Amazone, Amazon Watch, GITPA (Groupe International de Travail sur les Peuples Autochtones), ICRA International, NatureRights et autres... Le mouvement sera relayé à Londres et à Berlin par des manifestations devant l’ambassade du Brésil.

Conférence débat Mardi 1 Octobre 10h à 12h
Comptoir Général - 80 Quai de Jemmapes 75010 Paris

avec Afukaka, leader Kuikiro avec Carlos Fausto (Professeur à l’UFRJ) et Felipe Milanez (Journaliste à Carta Capital)


Exemple de Cas : BELO SUN, La face cachée de Belo Monte

En parallèle des manifestations ayant lieu au Brésil, une campagne émergente et urgente est lancée sur “BeloSun”, le projet de construire la plus grande mine d’or sur les rives du fleuve Xingu, déjà très menacé par BeloMonte.

La société minière canadienne Belo Sun envisage d'installer le projet "Volta Grande" juste à côté du méga-barrage Belo Monte, projet qui cause déjà de graves impacts sociaux et environnementaux. Prometteur d’une nouvelle série de destructions sur une région déjà très instable, ce mégaprojet minier présage un sinistre programme pour communautés autochtones et traditionnelles locales.
Pour arrêter le processus d'autorisations, une série d’organisations brésiliennes lancent la campagne “BeloSun No”, relayée par l'Institut Socio Environmental (ISA), Amazon Watch, et autres organisations internationales.... pour attirer l'attention sur le scandale sans précédent de BeloSun* et recueillir le soutien de la communauté internationale afin suspendre cette initiative dont les autorisations sont en cours d’étude**.
* Certaines études (Cf. Etude BeloSun par M. Christian Caubet Professeur et Avocat) démontrent que le Barrage de Belo Monte a été créé initialement en vue de fournir l’energie au projet minier de BeloSun.
** la demande de licence environnementale pour “Volta Grande” le mega projet minier de Belo Sun a été dénoncée la semaine dernière par les procureurs fédéraux du Ministère Public Brésilien.