mercredi 5 juin 2013


Brésil: le torchon brûle entre indiens et autorités sur la question des terres indigènes 05/06/13 20:14
Publié sur RFI (http://www.rfi.fr)

Brésil: le torchon brûle entre indiens et autorités sur la question des terres indigènes
Créé le 2013-06-05 10:16 Par RFI

La tension est montée d'un cran au Brésil entre les indiens et les autorités. La mort d’un indigène en fin de semaine dernière a été le détonateur de plusieurs manifestations dans tout le pays. En cause, les terres indigènes occupées par des propriétaires terriens et revendiquées par les indiens : une réclamation vieille de plusieurs dizaines d’années qui est sur le point d’exploser violemment à cause d’un projet de loi très controversé.

Avec notre correspondant à Rio de Janeiro, François Cardona

La situation se tend de plus en plus au Brésil à propos des terres indigènes. Face à des Indiens sur le sentier de la guerre, les propriétaires terriens ont décidé de faire appel à l’armée. Objectif : mettre un terme à la vague d’occupation de leurs terres par les indigènes.
La révolte se concentre dans le sud-ouest agricole du pays, où ces dernières semaines, les Indiens ont occupé plusieurs immenses fermes. Ils revendiquent en vain, depuis des décennies, la propriété de ces terres où leurs ancêtres sont nés.
La mort de l’un des leurs, tué par balle la semaine dernière, a été l’étincelle de trop : manifestations, routes bloquées, heurts violents avec les propriétaires terriens se multiplient désormais à travers la région.

Dilma Rousseff tente de calmer le jeu
Pour les indiens, il y a urgence : un projet de loi prévoit d’attribuer aux parlementaires le droit de participer aux délimitations des terres indigènes. Les indiens y voient une tentative du tout puissant lobby agricole au Parlement de museler leurs revendications.
La présidente Dilma Rousseff a promis de mettre en place une aide sociale destinée aux tribus indiennes. La campagne pour les présidentielle de 2014, est déjà lancée, pas question pour la présidente de perdre les voix des 900.000 indigènes que compte le Brésil.
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Un défi de taille alors que sur le terrain la situation de dégrade de jour en jour et que le
gouvernement doit également faire face à la colère grandissante des indiens sur la question du barrage du Belo Monte.


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La bataille autour du barrage de Belo Monte au Brésil se poursuit


La bataille autour du barrage de Belo Monte au Brésil se poursuit 16/05/13 19:23

Publié sur RFI (http://www.rfi.fr)
Créé le 2013-05-16 10:40 Par François Cardona Brésil

Au cœur de l’Amazonie brésilienne, Belo Monte sera bientôt le troisième plus grand barrage au monde. Son chantier, pharaonique, emploie plus de 15 000 ouvriers, qui y travaillent 24h/24. Bientôt 500 km2 de forêt amazonienne seront inondés. Et quelque 16 000 personnes expulsées, en grande majorité des indigènes. La polémique, tant sur le plan humain qu'environnemental, est à la hauteur de son coût : près de 9 milliards d’euros. Mais le chantier avance, inexorablement.
Dans les rangs indiens, la colère monte. La Constitution brésilienne prévoit que les peuples indigènes dont les terres vont être affectées par une œuvre de l’ampleur de ce barrage soient consultés. Une consultation officielle qui n’a pas été effectuée avant que les travaux ne commencent.
D’autant que le constructeur du barrage ne propose pas aux « futurs expulsés » d’alternative viable ; les indigènes devraient certes pouvoir obtenir une petite maison dans la périphérie d’Altamira. Une proposition difficilement envisageable pour des Indiens qui sont nés dans leur communauté, au milieu de la forêt amazonienne, et qui vivent de chasse et de pêche.

Négociations impossibles
Se révolter, occuper le chantier du barrage et retarder les travaux est désormais, pour certaines tribus, la seule alternative possible, même si cela ne leur a pas vraiment réussi jusqu’à présent. Les indigènes ont occupé le barrage de Belo Monte à plus de trois reprises ces douze derniers mois. Leur revendication principale est à chaque fois la même : l’ouverture de négociations avec le gouvernement brésilien, pour obtenir cette fameuse consultation des peuples indigènes qui vivent sur les rives du fleuve Xingu.
Il y a moins de deux semaines, les Indiens, sous la menace de soldats lourdement armés, ont dû évacuer le chantier sans avoir rien obtenu. Echec cuisant et répété pour ces tribus en colère. Le gouvernement brésilien ne semble pas vouloir entendre leurs plaintes.

Analyses d’impact incomplètes
Les indigènes affectés par le barrage reçoivent le soutien du mouvement Xingu Vivo, dont les militants sont régulièrement la cible de procédures judiciaires lancées par le constructeur du barrage, Norte Energia. Ces défenseurs de l’environnement dénoncent le manque d’analyses d’impact et d’évaluations des conséquences de la mise en eau du barrage.
Le constat est le même chez les chercheurs de l’Institut socio-environnemental (lSA). Les analyses d’impact n’ont pas été menées avec tout le sérieux nécessaire, pour une œuvre de
l’ampleur de ce barrage. 500 km2 de forêt vont être inondés. En aval, une large partie de l’immense fleuve Xingu va quasiment être réduite à une mince rivière. Quant aux conséquences sur les flux hydriques, sur la manière dont l’eau, vitale dans cette région amazonienne, va circuler dans les zones asséchées ou inondées, en réalité, les études actuelles ne permettent pas de savoir ce qu’il en sera d’ici trois à cinq ans, et encore moins dans 10 ou 15 ans, ce que dénonce Marcelo Salazar, le directeur régional de l’ISA, à Altamira.

Bataille juridique
Le barrage de Belo Monte devrait générer plus de 10 % de l’électricité dont aura besoin le Brésil d’ici à 2020. Mais en coulisse se joue une bataille juridique entre le gouvernement fédéral, qui soutient coûte que coûte la construction du barrage et les autorités régionales de l’Etat du Para, beaucoup plus réservées et qui exigent que certaines conditions soient respectées, notamment la réhabilitation des zones dégradées par la retenue d’eau.
En attendant, la construction de l’immense barrage continue ; les premières turbines devraient pouvoir commencer à tourner d’ici deux ans.
Et non loin, la ville d’Altamira ne cesse de croitre. De 50 000 habitants il y a quelques années, elle abrite aujourd’hui plus de 160 000 personnes. Rien ou presque n’a été prévu pour faire face à l’afflux de travailleurs et d’émigrés. Le trafic de drogue, les meurtres et la prostitution ont explosé.