jeudi 10 avril 2008

Services écologiques

ICRA News

Le gouvernement brésilien se propose de verser des compensations financières aux peuples d'Amazonie pour les “services écologiques” qu'ils rendent en participant à la protection de la plus grande forêt tropicale de la planète.

Ce programme est une priorité du ministère de l'Environnement”, a annoncé la ministre Marina Silva, pour qui “maintenir la forêt sur pied est un service écologique important rendu à la planète” puisque que la forêt capte les émissions de dioxyde de carbone responsables du réchauffement climatique. 

Le ministère de l'Environnement peaufine actuellement un projet de loi qui définira les activités écologiquement correctes, telles que la non-utilisation de produits agro-toxiques. Ce code de bonne conduite sera financé par des fonds publics, des crédits spéciaux et par un marché qui paiera mieux les produits prenant en compte le développement durable, a expliqué à l'AFP le directeur de Déveoppement rural durable, Paulo Guilherme Cabral. 

Les bénéficiaires seront notamment les petits agriculteurs, les pêcheurs et les exploitants des produits de la forêt (latex, noix du Brésil, etc). 

Pour Raul do Vale, responsable de l'ONG de défense de l'environnement “Institut socio-environnemental”, une compensation financière est importante car elle aide les habitants de l'Amazonie à vivre d'une exploitation écologique de la forêt. 

De plus, selon lui, “cela freine les activités destructrices”, comme la production de soja, l'élevage de bovins et l'extraction illégale de bois, activités plus rentables aujourd'hui qui détruisent chaque année des milliers de km2 de forêt. 

Personne n'arrivera à convaincre un pauvre qu'il ne peut abattre un arbre s'il n'obtient pas en échange le droit de travailler, de manger”, a affirmé le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva. 

Si je faisais comme les autres : déboiser, brûler la terre et employer des produits agro-toxiques, j'obtiendrai une belle production. Mais comme je respecte les arbres et que je n'utilise pas d'engrais chimiques, ma production diminue drastiquement. Cela doit être compensé pour que nous puissions subsister”, a déclaré à l'AFP Angelino Moreira, petit producteur amamzonien qui a adhéré à un projet écologique pilote gouvernemental dont bénéficient 4.000 familles. 

Les compensations pour préserver la forêt sont une vielle revendication des peuples indigènes et traditionnels de toute l'Amérique latine. 

Réunis la semaine dernière à Manaus, la capitale de l'Amazonie brésilienne, ces peuples ont demandé que ces incitations financières soient à l'odre du jour des prochaines discussions internationales sur le climat. 

Les populations des forêts qui ne déboisent pas devraient recevoir leur part des bénéfices provenant de fonds internationaux ou des crédits carbone
”, ont affirmé les représentants de ces peuples. 

L'Etat d'Amazonas (nord) a pris les devants et vient de mettre en place une “bourse de la forêt”, et il existe d'autres exemples que les Brésiliens suivent de près comme au Costa Rica, où le gouvernement taxe la consommation d'eau et d'essence notamment. 

Au cours des trois dernières années, le Brésil - 4ème émetteur mondial de gaz à effet de serre - a réussi à réduire de 59% ses taux de déboisement en Amazonie. Mais cette tendance s'est inversée au cours des derniers mois avec une avancée des plantations de soja et de l'élevage.

Afp 

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