Début avril, une fine équipe (Francis, Lucile, Edith) de l'association Aruana s'est rendue au Brésil à l'invitation du peuple Karaja afin de participer à la fête d'initiation (Aruana) du fils (12 ans) du coordinateur général, Francis étant le cinéaste en chef des événements. Il a aussi eu la chance de voir la dernière journée d'une autre fête d'initiation (Hetohoky) dans un village différent et beaucoup plus grand.
Les peintures et autres décorations corporelles ont pris beaucoup de temps mais le résultat est toujours magnifique. Autre préparation obligatoire pour la fête, la culture de suffisamment d'aliments dans le champ collectif pour pouvoir nourrir tous les invités. Malheureusement, cette entreprise de longue haleine a été réduite à néant par le passage en force d'un troupeau de bovins. Hormis le manioc et les patates douces, il ne restait plus de maïs, courges, pastèques, bananes... et lors de la fête c'est une vache qui a été offerte aux invités, cuite à l'eau, en brochettes ou à la braise.
Tous les parents de la famille sont venus participer à la fête et ont souvent fait de longs voyages en canots à moteur (eh oui, la pirogue perd du terrain !) compte tenu des distances. L'essence coûtant très cher, les Toris (blancs) ont été mis à contribution. Mais chez les Karaja et les peuples indigènes en général, tout se partage, le hamac, la cuillère ou la nourriture.
Pour la fête, les habitants d'un village proche sont également venus par bateau dans la nuit en chantant très fort des chants guerriers auxquels répondaient à tue-tête les hommes du lieu. A leur arrivée, les visiteurs se sont précipités en chantant et dansant et les hommes ont commencé à se mesurer entre eux à la lutte pour rappeler l'époque des guerriers. La danse a continué toute la nuit. A l'aube, la cérémonie d'initiation s'est poursuivie avec les moustiques du jour par une coupe de cheveux de l'impétrant, la danse des masques seuls ou avec des jeunes filles décorées, puis le nourrissage des esprits.
De nombreux éléments de la fête nous ont échappé, l'explication n'étant pas simple pour des esprits occidentaux...
La vie dans le village nous a fait découvrir la construction d'une habitation, les relations adultes-enfants, enfants-jeunes animaux (singe, chien, perroquet...), l'école, l'organisation du champs collectif et la tentative d'élevage de bétail (des progrès à faire), l'arrivée d'une citerne d'eau puisée par générateur qui fournit également une lampe d'éclairage "public" une partie de la nuit, le bricolage d'une antenne pour téléphone portable, le merveilleux ciel étoilé, les différents aliments (pain de sucre, patate douce, manioc cuit et râpé ou bouilli comme boisson, haricots noirs, riz (le plat de base brésilien a fait son apparition) et pas de poisson car en période de crue (plusieurs mètres) et d'eau trouble, la pêche est difficile. Cependant, l'absence de poisson était surtout due à la non disponibilité des hommes pendant la fête. Les moustiques (5 espèces) sont omni présents mais, injustice suprême, ne s'attaquent pas à tous les individus !
Nous avons poursuivi notre visite par un petit séjour dans un village plus grand où nous avons pu voir, choisir et acheter l'artisanat qui permet à l'association de travailler. Toutes les femmes tentaient de vendre leurs produits, tous différents, tous intéressants. Il fallait jouer serré entre d'une part les restrictions légales d'exportation des éléments de la biodiversité, d'autre part la concurrence entre femmes et le manque de petite monnaie. Le poids et l'encombrement des article d'artisanat étaient un facteur limitant de plus. Et Francis a fait des miracles dans les négociations !
Dans ce village nous avons été hébergés dans une habitation pour passagers. Le tradi-praticien (pagé) nous a raconté les légendes du peuple Karaja. Il nous a également mené auprès d'un vieil homme mourant puis au cimetière au bord de l'eau où il fut enterré. Toutes les femmes de sa parenté proche chantaient et se lamentaient en rythme avant et après son décès. Son enterrement fut rapide. Le lendemain, la famille apporte de la nourriture au défunt. Dans le cimetière de nombreuses jarres antiques témoignent de l'ancienneté de ces pratiques.
Parmi les innovations, des blocs sanitaires par famille ont fait leur apparition en plus de l'électricité et d'un poste de téléphone.
A la sortie du village une villa en dur a été construite pour abriter un pasteur évangélique faisant une halte missionnaire une fois l'an. Tous les villages Karaja (et autres peuples) sont très sollicités par ces églises évangéliques qui vont jusqu'à traduire la Bible dans ces langues indigènes. Le Brésil en général est une terre de prédilection pour toutes ces églises ou sectes au nombre devenu incalculable. L'église catholique perd du terrain mais est encore très présente notamment grâce à ses réseaux de terrain comme le conseil missionnaire indigène ou la commission pastorale de la terre qui agit en monde rural. Un certain nombre de prélats sont très engagés dans la défense des droits des travailleurs ruraux ou des peuples indigènes. En 2010, l'église a choisi le thème de l'environnement et de la biodiversité mais lutte aussi contre le travail esclave, particulièrement actif dans les grandes plantations.
Pour plus d'information, veuillez envoyer un message à l'adresse ci-dessus.
Pour résumer le voyage, quelques photos. Un bout de film sera posté d'ici peu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire