mardi 20 novembre 2012

Un peu d'espoir pour les Guarani-Kaiowà


ICRA News

Le tribunal régional fédéral de la troisième région, à São Paulo, a suspendu l’opération d’expulsion du campement où trouvent des Indiens Guarani-Kaiowá, répondant ainsi à la demande de la Fondation Nationale de l'Indien (FUNAI).

Les 50 hommes, 50 femmes et 70 enfants de cette communauté Guarani-Kaiowá pourront rester au coeur de la ferme Cambará, à Iguatemi, dans l’état du Mato Grosso do Sul, où ils sont confinés sur un terrain de 2 hectares. La décision demeurera donc en vigueur jusqu'à la fin de l'identification et de la démarcation de ces territoires indigènes par la FUNAI .

La solution est précaire, puisque les relations avec le propriétaire des terres demeurent tendues et dangereuses. Mercredi 24 octobre, on apprenait qu’une femme, originaire de Pyelito Kue, avait été sexuellement agressée par huit hommes.

Le Ministère de la Justice a envoyé de nouveaux renforts de la Force nationale pour maintenir l'ordre dans la région.

Les dirigeants Guarani-Kaiowá se sont réjouis de la décision judiciaire, mais ils ont estimé que seule la démarcation des terres mettra fin au conflit entre les Indiens et les producteurs agricoles de la région. Ils cherchent à augmenter le réseau de solidarité pour le peuple Guarani-Kaiowá. La lutte n'est pas seulement contre les expulsions, mais aussi pour la démarcation définitive des terres indigènes.

Il faut savoir que dans l'Etat de Mato Grosso do Sul, 43 000 Indiens Guarani-Kaiowa revendiquent un retour sur leurs terres d’origine qu’ils appellent “ tekoha ”, littéralement “ le lieu où il est possible de vivre à notre manière ”. Ils souhaitent quitter les réserves et installent des campements, qui, la plupart du temps sont légaux .

Il existe aujourd’hui plus de 30 campements Guarani-Kaiowá confinés sur les bords des routes ou à l’intérieur des “ fazendas ”, dans des zones qu’ils ont occupées. À cela s’ajoutent plus de 20 zones récupérées et régularisées sous la forte pression des indigènes qui ont perdu plusieurs leaders communautaires dans leur lutte. Mais tous ces territoires sont très restreints.

Une note technique de la FUNAI, publiée en mars 2012, déclare que le territoire revendiqué par les Indiens à Pyelito Kue et Mbarakay est occupé depuis les temps ancestraux par les Guarani-Kaiowa. Depuis 1915, quand a été établie la première Terre Indigène, et surtout depuis les années 70 et 80, les expulsions des Indiens se sont multipliées au profit des propriétaires fonciers agricoles (principalement pour doper les productions de canne à sucre ou de soja), en plus du confinement et du regroupement des différents groupes ethniques, ce qui entraîne l’insécurité et le déracinement culturel et social.

La situation du groupe Guarani-Kaiowá, la deuxième population autochtone du Brésil, est considérée comme la plus grave. Confinés dans des réserves indigènes comme celle de la ville de Dourados, ils se trouvent dans une situation de catastrophe humanitaire : au-delà de la malnutrition des enfants et de l'alcoolisme, les taux d'homicides sont plus élevés que dans les zones de guerre comme l'Irak.

Le député d’État du Mato Grosso do Sul, Peter Kemp, leader du parti politique des Travailleurs (PT), a déclaré à l'Assemblée législative du Mato Grosso do Sul, le 31 octobre : “ le développement n'est pas seulement l’élevage de bœufs et la production de maïs et de soja, mais aussi le respect des personnes, le droit à la citoyenneté. Le développement doit être économique et social, et doit être le droit de tous ”.

 Nous, Guarani-Kaiowá, survivants et qui voulons vraiment survivre, souhaitons par ce simple message exprimer notre immense remerciement public à toutes et tous d'avoir ajouté Guarani-Kaiowá à vos noms. Comme chacun sait, les Guarani et les Kaiowá, seuls, peuvent être exterminés, mais nous avons la certitude qu'avec la solidarité humaine réelle et le soutien de vous tous nous pouvons être sauvés des diverses violences annoncées envers nos vies et surtout éviter notre extinction ethnique.
Grâce à ce geste d'amour pour nos vies que vous manifestez, nous ressentons un peu de paix et d'espoir en une vraie justice. Nous avons compris qu'il existe des citoyennes et des citoyens mus par un réel amour du prochain, qui ont soif de justice et qui exigent cette justice. Nous ne savons pas avec quels mots vous remercier tous sinon en disant JAVY'A PORÃ, que la paix soit dans vos cœurs.
. ”


Emmanuelle Leroy Cerqueira, traduction d’Ines Pereira
Global Voices et Libresamériques

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